Financial OS : quel logiciel gagnera la bataille du tout-en-un ?
Gatien Guemas – mis à jour le 07/01/2025
Vous l’aurez lu en avant-première sur Tool Advisor : l’avenir n’est pas au compte pro, au logiciel de comptabilité et au logiciel de gestion des dépenses séparés mais à un logiciel tout-en-un, un super logiciel qui répond au doux nom de Financial Operating System (ou Financial OS).
Pendant que les logiciels se bagarrent à coups de nouvelles fonctionnalités, nous assistons, sans nous en rendre vraiment compte, à une profonde mutation du marché des logiciels financiers (comptabilité, gestion des dépenses, facturation, banque).
Vous avez remarqué ces nouvelles offres de comptes pros qui fleurissent chez les logiciels B2B (Pennylane, Indy) ? C’est le signe d’un marché qui se transforme.
Aujourd’hui, nous vous en disons un peu plus sur le futur du logiciel financier avec les enjeux et les forces en présence.
Sommaire :
Qu’est-ce qu’un financial OS ?
Pourquoi les logiciels se rêvent en financial OS ?
Nos favoris pour devenir le financial OS numéro 1
Ce que le financial OS dit de l’avenir des logiciels
Qu’est-ce qu’un financial OS (Operatin System) ?
Un financial OS ou financial operating system est un logiciel qui vous permet de gérer toute la partie financière de votre entreprise du paiement à la comptabilité en passant par l’analyse des données financières et la facturation.
Le terme est encore assez peu utilisé en France. Seul le logiciel de comptabilité Pennylane qui l’a parfois utilisé dans ses communications même s’il privilégie “plateforme de gestion financière tout-en-un”.
Le financial OS est le futur du logiciel financier selon nous et les évolutions du marché sont en train de nous donner raison.
D’ici quelques années, vous n’aurez plus besoin d’une banque professionnelle en ligne, d’un logiciel de comptabilité et facturation, d’un logiciel de gestion des dépenses et d’un logiciel de gestion de trésorerie. Vous utiliserez un seul logiciel qui regroupe tous ces logiciels.
Pourquoi les logiciels se rêvent en Financial OS ?
The winner takes it all (pour reprendre une formulation chère aux startups ou à un groupe de musique suédois). Le logiciel qui arrivera à se positionner comme le financial OS numéro 1 fusionnera plusieurs marchés déjà conséquents : le potentiel de chiffre d’affaires est énorme.
Ce qui était inconcevable il y a quelques années devient possible et probable à la suite de plusieurs éléments concomitants.
- L’apparition de l’open banking au milieu des années 2010 qui permet d’ouvrir les données bancaires à d’autres logiciels ;
- Les levées de fonds gigantesques de certains logiciels qui ont les moyens de développer un financial OS ;
- La maturité du marché des professionnels face aux outils digitaux.
Si nous préférons souvent les logiciels spécialisés aux logiciels tout-en-un chez Tool Advisor, nous pensons que les financial OS nous feront changer d’avis.
L’élément qui fera la différence entre nos différents concurrents pour devenir le financial operating system numéro 1 est la data. Nous en revenons à notre compte pro : le financial OS numéro 1 sera propriétaire de sa data et la data se trouve sur votre compte bancaire.
C’est pour cette raison que vous voyez de nombreux logiciels de la catégorie finance se diversifier :
- Des logiciels de comptabilité qui lancent une offre de compte pro ;
- Des banques en ligne qui développent des fonctionnalités de facturation et de comptabilité ;
- Des experts-comptables en ligne qui sortent leur logiciel de facturation ;
- Des logiciels de gestion des dépenses qui deviennent des logiciels de gestion de la trésorerie et d’analyse financière.
Cette diversification va dans le sens du marché (logiciel spécialisé > fianncial OS) et permet également de grignoter des parts de marché sur la thématique finance.
Parmi toutes les forces en présence, certains logiciels ont une longueur d’avance.
Nos favoris pour devenir le financial OS n°1
Devenir le financial OS numéro 1 coûtera cher. Il y a donc une forte corrélation entre notre sélection et le montant des fonds levés par les logiciels.
Une offre de compte professionnel nous semble indispensable pour être un candidat sérieux pour être le financial OS numéro 1. Comme il n’a jamais été aussi facile pour les logiciels de sortir ce type d’offres, quelques outsiders pourraient bien créer de belles surprises.
Pennylane
Pennylane est notre favori pour devenir le financial OS numéro 1 en France et en Europe.
D’une part, le logiciel de comptabilité a connu une croissance impressionnante en gardant un niveau de satisfaction assez incroyable. D’autre part, Pennylane revendique clairement l’ambition de devenir le financial OS numéro 1.
La qualité du logiciel de comptabilité Pennylane est une sacrée barrière à l’entrée pour les banques alors que l’ouverture du compte pro Pennylane s’est fait plutôt rapidement.
Pennylane a les équipes, les moyens et l’ambition. Il sera dur pour nos autres favoris de les dépasser.
Qonto
Si Pennylane a le logiciel de comptabilité et les moyens de ses ambitions, que dire de Qonto ?
Le compte pro en ligne a largement les moyens de devenir un financial OS, Qonto est tout simplement la plus grosse licorne française à l’heure où nous écrivons cet article.
Un autre élément nous a mis la puce à l’oreille il y a… plus de 2 ans maintenant. Qonto ambitionnait de devenir un établissement de crédit et s’est ravisé. Qonto restera donc un compte pro en ligne et ne deviendra pas une banque en ligne, pour mieux se positionner comme un financial OS ?
C’est ce que nous pensons. Les fonctionnalités développées autour de la facturation et de la comptabilité depuis 2 ans vont dans ce sens même si Qonto est encore loin sur la comptabilité.
L’entreprise peut aussi bien développer les fonctionnalités manquantes, qu’effectuer un rachat stratégique ou des intégrations natives avec des logiciels de comptabilité.
Regate
Regate se positionne déjà comme un logiciel de gestion financière ou un cockpit financier pour reprendre les mots présents sur leur homepage.
Si nous entendons moins parler de Regate par rapport à Pennylane, le logiciel propose toutes les fonctionnalités d’un futur financial OS :
- Comptabilité fournisseur et client ;
- Notes de frais ;
- Paiement ;
- Rapprochement bancaire ;
- Reporting financier ;
- Gestion de trésorerie.
Et carte bancaire.
Regate travaille au même objectif que Pennylane et l’entreprise à la confiance des investisseurs comme en témoigne la dernière levée en 2022 d’un montant de 20 millions d’euros pendant une période tout sauf simple pour les startups.
Les outsiders
Les outsiders sont des logiciels qui prennent le chemin du financial OS ou qui ont les moyens et un intérêt stratégique à le devenir. Le profil des outsiders est très différent.
Il y a tout d’abord Indy, qui a annoncé une levée de fonds de 40 millions d’euros en novembre 2023 et l’ouverture d’un compte pro gratuit en janvier 2024. L’absence d’Indy dans nos favoris pour devenir le financial OS leader du marché est due à sa cible restreinte : les indépendants et les TPE. Indy deviendra probablement le financial OS des TPE mais restera éloigné du financial OS au sens classique.
Le logiciel de gestion des paiements et dépenses Spendesk semblait taillé pour devenir un financial OS en commençant par la brique de gestion des dépenses mais les dernières fonctionnalités du logiciel vont dans le sens d’une spécialisation sur la gestion des dépenses et non du développement d’un super logiciel.
Le dernier outsider est Dougs. L’expert-comptable en ligne, alors rentable, a levé 25 millions d’euros en 2023 pour se développer en Allemagne et au Royaume-Uni, rien n’indique que Dougs souhaite se positionner comme financial OS mais une offre de compte pro positionnerait l’expert-comptable en frontal par rapport à Indy, les conseils d’un comptable en plus.
Ce que le financial OS dit de l’avenir des logiciels
Cette évolution du marché des logiciels financiers illustre deux choses selon nous :
- L’importance de posséder la data ;
- L’apparition de supers logiciels.
Le succès des logiciels BtoB s’est construit sur les facilités d’intégration entre les différents outils. Cette possibilité nous paraît normale aujourd’hui mais rappelez-vous que les API ouvertes et les Zapier ou Make n’ont pas toujours existé. Maintenant que les logiciels s’intègrent les uns aux autres, posséder et centraliser la donnée devient un enjeu pour être incontournable.
C’est pour cette raison que les logiciels lancent leur compte pro. Ils n’auront plus besoin de s’intégrer à une banque et posséderont la donnée de A à Z.
Ils maîtriseront l’ensemble de la chaîne de valeur. Que se passera-t-il pour un Pennylane si Qonto lance son logiciel de comptabilité ? Que se passera-t-il pour Indy si Shine fait de même ? Maîtriser la donnée est devenu un enjeu capital pour les logiciels.
Cela amène les logiciels à se diversifier et à devenir de supers logiciels mais la nécessité d’être maître de la donnée n’est pas la seule raison : l’impératif financier en est une autre.
Qu’ont en commun des logiciels comme Brevo, Monday ou Sellsy ? Ils couvraient un besoin précis (l’emailing, la gestion de projet, le CRM) et se sont diversifiés (marketing automation et CRM pour Brevo, CRM pour Monday et facturation et pré-comptabilité pour Sellsy).
Il est souvent stratégiquement plus intéressant sur le long terme de devenir un “super logiciel” que de rester monothématique :
- La taille du marché est beaucoup plus grande ;
- Les clients initiaux deviendront plus facilement de nouveaux clients sur les nouvelles thématiques ;
- Ajouter de nouvelles fonctionnalités de niches est moins intéressant financièrement sur le long terme que d’attaquer de nouveaux marchés.
Nous ne sommes donc pas à l’abri d’avoir une stack de logiciels SaaS réduite à l’avenir organisée autour de supers logiciels : marketing-commercial, financier et organisation. Cela se fera probablement au détriment des “petits logiciels” spécialisés mais le chemin est encore long.
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