Écrit-on entrepreneure ou entrepreneuse ?
Juliette Lécureuil – mis à jour le 13/01/2025
Que vous soyez ou non entrepreneur, il y a des chances pour que vous ayez déjà entendu quelqu’un s’emmêler les pinceaux au moment de parler de la fondatrice de telle ou telle start-up.
Vous les voyez, ces moments où vous dites “Il y a une entrepreneuse que j’admire beaucoup pour…” ou “Ma sœur est entrepreneure, elle a créé…” en doutant de la formulation dans votre tête ? Vous pouvez être sûr d’une chose : ça n’arrive pas qu’à vous !
La confusion quant au terme exact étant fréquente, on tente de démêler le vrai du faux dans cet article… C’est parti !
Entrepreneure ou entrepreneuse, que dit le dictionnaire ?
Entrepreneure ou entrepreneuse, la différence est d’une lettre… Mais elle change tout ! Et quand on tient à s’exprimer correctement, on a évidemment envie de sortir la bonne version.
La première chose à faire quand on cherche à vérifier l’orthographe d’un mot, c’est de vérifier dans le dictionnaire. On sait, jusqu’ici on ne vous apprend rien… Mais on aime bien commencer par les bases, c’est notre petit côté instituteur agrégé de logiciels.
Sachez que dans notre dictionnaire relié – non, ce n’est pas une blague, on est bien les heureux propriétaires d’un petit Robert de 1976 avec une magnifique reliure en tissu –, il est écrit “entrepreneur, euse”, pour désigner “celui qui entreprend quelque chose”.
On doit donc écrire entrepreneuse et non entrepreneure.
Mais sachant qu’il s’est passé 47 ans depuis son impression et que la langue évolue constamment (la preuve, on trouve désormais les mots “flexoffice” et “ghoster” dans le dictionnaire), une petite vérification s’impose dans des ouvrages plus actuels.
Et la réponse est – roulement de tambours – la même ! Que ce soit dans le Robert ou dans le Larousse de 2023 (leur version digitale, parce qu’on ne fait pas la collection des dicos non plus), on trouve là aussi le terme “entrepreneuse”.
Après tout c’est logique : les noms communs terminant en “eur” étant féminisés en “euse”, il n’y a pas de raison que le féminin d’entrepreneur fasse exception.
La différence entre le dictionnaire et l’usage
Le problème dans ce fameux match entrepreneure ou entrepreneuse, c’est précisément l’usage, qui fait que de nouveaux mots entrent dans le dictionnaire chaque année.
Car sous l’influence du continent nord-américain, on utilise finalement beaucoup plus entrepreneure qu’entrepreneuse dans l’écosystème entrepreneurial.
Au départ, le terme a été féminisé ainsi afin d’introduire la notion d’égalité femmes hommes dans le monde des affaires : en utilisant des termes très proches, on mettait à niveau les deux mots et on évitait de stigmatiser la femme entrepreneure.
Il faut dire que les inégalités femmes hommes dans la Tech (pour ne parler que de ce domaine) sont toujours prégnantes : selon les chiffres du gouvernement, la promotion de la French Tech 120 2023 ne comporte que 12,5 % de cofondatrices ou CEO.
Mais que cela soit efficace ou non, c’est un fait : dans la sphère business, on entend plus souvent parler d’entrepreneure, d’auto entrepreneure et de micro entrepreneure que d’entrepreneuse, d’auto entrepreneuse et de micro entrepreneuse (la faute aux USA).
Quant au terme convenable, tout dépend de la personne à laquelle on s’adresse ou que l’on désigne, chacune ayant son propre avis ou ressenti sur la question… Par conséquent, même si l’on sait ce qu’il faut officiellement dire, il est compliqué de trancher !
Entrepreneure ou entrepreneuse, que disent les recherches Google ?
Google est un bon observateur des tendances en matière d’usage de la langue. Pour savoir ce qu’il avait à nous apprendre sur le sujet, on a donc consulté Ahrefs, l’un de nos logiciels SEO préférés, pour voir ce que révélaient les résultats de recherche.
Résultat du choc des titans “entrepreneure ou entrepreneuse” ? Dans la barre de recherche Google, c’est entrepreneure, auto entrepreneure et micro entrepreneure qui l’emportent sur entrepreneuse, auto entrepreneuse et micro entrepreneuse… Et de très loin !
Là où les termes entrepreneuse et auto entrepreneuse font respectivement l’objet de 1000 et 500 recherches par mois, entrepreneure et auto entrepreneure plafonnent à 150 et à 100, et on avoue qu’on en est les premiers surpris.
La preuve, finalement, que tout le monde ouvre son dico papier avant de faire une recherche Google !
Ou tout simplement (plus réaliste) que le terme historique reste le plus utilisé à l’écrit pour désigner une femme qui entreprend, notamment dans la sphère entrepreneuriale franco-française.
Quelques pistes pour mieux réseauter en tant que femme entrepreneure
On parlait un peu plus tôt du nombre de femmes parmi les entrepreneurs du French Tech 120. Ce qu’il faut avoir en tête, c’est qu’il y a bel et bien des femmes qui créent des entreprises, mais que leur trajectoire entrepreneuriale n’est pas toujours facilitée.
Les chiffres sur la création d’entreprise l’illustrent : environ 40 % des créateurs d’entreprise étaient des femmes en 2021. Ce n’est pas encore du 50-50, mais on peut légitimement dire les femmes entreprennent.
En revanche, elles souffrent encore du poids des tâches domestiques et familiales (selon l’Observatoire des inégalités, on comptait 46 % de femmes s’occupant d’enfants en 2016, contre 29,5 % d’hommes, et le chiffre ne semble pas avoir beaucoup évolué).
Résultat, elles ont moins de temps disponible pour développer leur entreprise, créer du réseau, rejoindre des espaces de partage entre pairs… Alors que le temps et le réseau sont justement deux leviers importants de la réussite entrepreneuriale.
Pour pallier ce manque, des réseaux d’entrepreneuses (vous remarquerez qu’on utilise les deux parce qu’on n’a toujours pas tranché au sein de la team) existent, qui permettent aux femmes d’être accompagnées dans leur parcours entrepreneurial.
On pense notamment aux réseaux :
- Femme des Territoires, pour échanger avec des entrepreneures ou entrepreneuses à proximité de chez soi assister à des rencontres et des ateliers ;
- Mam’preneures, qui a pour règle de proposer des rendez-vous aux horaires compatibles avec ceux imposés par la vie de famille ;
- Sista x Bold, né du partenariat entre la Maison Veuve Clicquot et le Collectif SISTA, et qui se donne pour ambition de développer le mentorat au féminin ;
- Ou encore Hellowilla, qui se bat (on en parlait) pour davantage d’inclusion des femmes dans la tech.
Pour terminer, on peut vous donner notre avis sur le match entrepreneure ou entrepreneuse : au bureau, on utilise plutôt entrepreneure… On ne saurait pas vous dire pourquoi, mais la sonorité nous plaît davantage. Voilà, vous savez tout !
Sources :
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