5 signes qui montrent qu’il y aura une bulle IA

auteur-juliette Par Juliette Lécureuil | Le 09/12/2025

Y aura-t-il une bulle IA ? À moins d’avoir passé les 3 dernières années dans une grotte, il y a peu de chances que vous ayez raté le développement fulgurant de l’IA. Or, qui dit développement fulgurant, dit éventualité qu’une bulle spéculative voit le jour… 

Dans cet article, on vous détaille les 5 signes qui, selon nous, montrent qu’il y aura une bulle IA comme il y a eu une bulle internet dans les années 2000. Bonne lecture !

1) Beaucoup d’investissements, peu de résultats

C’est le 5e rapport du Conseil national de productivité – organisme public dont le nom sonne agréablement à nos oreilles de productivistes – qui le dit : dans le monde, les investissements dans l’IA ont dépassé 500 milliards de dollars sur la période 2013-2023.

Dans le 2025 AI Index Report publié par l’Institute for Human-Centered AI (HAI) de l’Université Stanford – une référence en matière d’intelligence artificielle –, on lit que les investissements privés américains dans l’IA ont atteint 109,1 milliards de dollars en 2024.

Mais aussi, que le financement pour l’intelligence artificielle générative a explosé, avec 33,9 milliards de dollars investis cette même année… Et on pourrait continuer à citer des chiffres (il y en a plein), mais cela nous éloignerait du sujet. 

Le problème, c’est que ces sommes faramineuses sont investies alors que beaucoup d’acteurs n’ont pas encore trouvé de modèle économique, ou alors un modèle difficilement rentable

Le média spécialisé tech The Information le pointe dans un article sur OpenAI : l’entreprise à l’origine de ChatGPT n’envisage pas de bénéfices avant 2029, les coûts liés à l’entraînement du modèle n’étant pas compensés par les revenus des abonnements et API.

Sur le site du quotidien La Dépêche, un article sur la rentabilité des entreprises de l’IA générative (absente pour le moment) détaille ces coûts, citant “d’immenses centres de données”, “des puces ultra sophistiquées” et des “ingénieurs très qualifiés”. 

Si le business model est clair pour certains acteurs – ce qui n’est pas le cas des acteurs développant un outil open source, donc plus difficilement monétisable, comme Mistral AI –, il tarde néanmoins à faire ses preuves en matière de rentabilité. 

Le secteur bancaire aussi s’interroge. Dans le rapport de Goldman SachsIA générative : trop d’investissements, pas assez de bénéfices ?”, le directeur de la recherche sur les actions mondiales Jim Covello l’exprime très clairement. 

Ma principale préoccupation est que le coût substantiel lié au développement et à l’exploitation de la technologie IA nécessite pour les applications de résoudre des problèmes extrêmement complexes et importants avant de pouvoir générer un bon ROI.”

En lisant l’interview dans son intégralité, on comprend que l’intéressé est sceptique quant au fait que les entreprises IA soient capables d’adresser et de solutionner ces problèmes un jour… Le diagnostic est posé ! 

2) Une interdépendance des acteurs qui n’augure rien de bon

L’autre facteur de risque est systémique : les acteurs du marché de l’IA sont très interdépendants. Pour illustrer cette interdépendance, il suffit de voir que : 

  • Microsoft réalise des investissements massifs dans le développement des modèles d’OpenAI ;
  • OpenAI, de son côté, achète des GPU (Graphics processing unit, ou processeur graphique pour les francophones du fond de la salle, indispensables pour l’IA et le calcul haute performance) à Nvidia ;
  • Nvidia investit dans des entreprises IA, de ChatGPT à Mistral en passant par Anthropic et de nombreuses autres ;
  • Et plusieurs modèles IA tournent tournent via Azure, un service cloud de Microsoft… Et ainsi de suite.

Chacun dépend de chacun, et le jour où l’un d’eux se casse la figure, l’effet domino provoque la chute de tous. Ce risque est mis en lumière par des sources sérieuses, et il ne concerne pas seulement le risque de formation d’une bulle IA. 

Dans l’édition 2024 du Global Risk Report, publication du Forum économique mondial qui évalue notamment les risques technologiques, il est question de “risques importants pour la chaîne d’approvisionnement”.

Le déploiement à grande échelle d’un petit ensemble de modèles fondamentaux d’IA […], ou la dépendance excessive à l’égard d’un seul fournisseur de services cloud, pourraient donner lieu à des cybervulnérabilités systémiques”, lit-on également.

Derrière le jargon, on comprend que la concentration des modèles d’IA et la dépendance à certains fournisseurs ne créent pas seulement une vulnérabilité technique : elles peuvent aussi provoquer des défaillances en cascade, et accentuent donc le risque d’une bulle IA.

3) Des chiffres effrayants : pires que ceux de la bulle internet

Sans verser dans la comparaison entre les torchons et les serviettes, mettre les chiffres du marché de l’IA aujourd’hui en parallèle avec ceux des entreprises internet dans les années 2000 permet d’avoir une idée du risque de bulle… Ainsi, on constate que :

Bulle internet Bulle IA
À l’apogée de la bulle internet (1999), environ 39 % des investissements en capital-risque aux États-Unis étaient consacrés à des entreprises liées à Internet (International Banker). En 2024, 44 % des financements en capital-risque aux États-Unis étaient consacrés à des startups spécialisées dans l’IA (EY).
À l’échelle globale, près de 58 % des financements en capital-risque vont à des entreprises IA (Reuters).
En mars 2000, Cisco Systems, entreprise à la capitalisation boursière la plus importante dans le secteur internet, affichait une valorisation entre 360 et 380 milliards de dollars (StatMuse). En 2025, Nvidia, entreprise à la capitalisation boursière la plus importante dans le secteur de l’IA, a brièvement affiché une valorisation à plus de 4 000 milliards de dollars (Reuters).
Le 7 plus grandes tech des années 2000 représentaient environ 15 % de la capitalisation totale du marché boursier américain (Reuters). Aujourd’hui, les “Magnificent 7” (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta, Tesla) représentent environ 35 % du S&P 500, et toutes développent des technologies d’IA, ou s’appuyant sur l’IA (Reuters).

On pourrait continuer la comparaison, mais vous avez l’idée : les chiffres de l’IA aujourd’hui sont bien pires que ceux qui auguraient d’une bulle internet – ou bulle dot-com, si vous êtes dans le coup – dans les années 2000.

4) Des parties prenantes qui voient elles-mêmes la bulle IA se profiler

Dans un entretien accordé à des journalistes de The Verge, le patron d’Open AI, Sam Altman, admet que les investissements sont en surchauffe – c’est le média CNBC qui nous l’apprend, l’entretien n’étant accessible que si l’on souscrit à The Verge. 

La phrase exacte – reprise par CNBC – est la suivante : “Quand des bulles se forment, des personnes intelligentes s’emballent à partir d’un fond de vérité”. 

Explication maison de cette phrase cryptique : ceux qui sont assez intelligents pour voir arriver la bulle IA font preuve d’excès d’enthousiasme (ils “s’emballent”)… Mais ils ont (au moins pour partie, c’est le fameux “fond de vérité”) une bonne raison de le faire !

Il ajoute ensuite : “Sommes-nous dans un moment où les investisseurs sont excessivement enthousiastes au sujet de l’IA ? Je pense que oui. L’IA est-elle la chose la plus importante qui s’est produite depuis très longtemps ? Je pense aussi que oui.”

Et Sam Altman n’est pas le seul à observer le raz-de-marée avancer.

Le patron de Goldman Sachs, David Solomon, prévient dans le New York Post : l’engouement pour l’investissement dans l’IA pourrait provoquer un repli des marchés boursiers. Une mise en garde exprimée alors que la banque d’affaires a investi dans l’IA…

Un article de Business Insider révèle en effet qu’elle soutient Spectro Cloud, et le Wall Street Journal, qu’elle finance des infrastructures IA (data centers, matériel, cloud, etc.). 

Pour terminer, l’étude Expleo IA Pulse, commandée par l’agence d’études de marché Opinium et menée auprès de 600 dirigeants d’entreprises européens en 2025, témoigne de l’inquiétude de ces derniers. 

Plus de la moitié – 51 % des interrogés – considèrent ainsi que nous avons déjà un pied dans la bulle IA, et que cela s’illustre à travers des investissements supérieurs aux capacités actuelles de la technologie. 

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5) Un gain de productivité qui n’égale pas l’engouement médiatique

Dernier signe qu’une bulle IA est en train de se former : le décalage entre l’engouement médiatique suscité par l’intelligence artificielle (et les investissements qui l’accompagnent), et le réel gain de productivité lié à l’utilisation de cette dernière.

Dans un rapport du cabinet de conseil McKinsey & Company publié en novembre 2025 et intitulé “The State of AI: Agents, innovation and transformation”, on lit que 88 % des entreprises interrogées utilisent l’IA pour au moins une de leurs fonctions métier. 

Une adoption a priori record… Qui cache le fait que la majorité des entreprises sont encore au stade expérimental ou pilote, et que seulement un tiers d’entre elles déclare avoir commencé à déployer ses programmes d’IA à plus grande échelle.

Ce point concerne davantage l’adoption de l’IA que le gain de productivité potentiel qu’elle permet. Comme le mythe de l’adoption, le “mythe de l’amélioration universelle de la productivité” est remis en cause dans un article du California Management Review.

Une revue de 37 études consacrées à l’utilisation des assistants LLM par les développeurs de logiciels publiées entre janvier 2014 et décembre 2024 apporte de la nuance à ce fameux gain de productivité promis par l’IA. 

Certes, les développeurs mettent moins de temps à coder et se déchargent de tâches à faible valeur ajoutée… Mais en contrepartie, ils expérimentent une qualité dégradée du code, auxquel les retouches à apporter annulent le gain de temps annoncé.

La preuve qu’en ce qui concerne l’IA, il y a les effets d’annonce… Et ce que l’IA apporte vraiment aux professionnels qui l’utilisent – pour ceux qui l’utilisent correctement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le décalage persiste en la matière.

Après avoir parcouru tous ces articles, on ne peut pas nier l’évidence : si l’on ne sait pas encore quand, la bulle IA aura bien lieu. Reste à savoir quelle sera sa force, qui elle coulera et qui elle épargnera. Faites vos jeux !

auteur-juliette Juliette Lécureuil

Journaliste

Juliette est journaliste, rédactrice et community manager freelance.

Diplômée de l’École publique de journalisme de Tours et passée par Prisma Media, l’EFS et LCI, Juliette écrit sur tous les sujets liés à l’entrepreneuriat et aux logiciels B2B.

Ses trois logiciels préférés : Notion pour l’organisation, Indy pour la compta et MerciApp pour l’orthographe irréprochable.

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