La technologie Tap to Pay va-t-elle tuer les TPE ?
Juliette Lécureuil – mis à jour le 29/01/2025
Ces dernières années, les nouveaux moyens de paiement se démocratisent : en plus du paiement sans contact qui fait désormais partie des habitudes des consommateurs, on compte aussi les terminaux POS et la technologie “Tap to Pay”.
De quoi s’inquiéter pour le futur des traditionnels terminaux de paiement (TPE) : se peut-il qu’ils soient rélégués au rang des objets du passé par le “Tap to Pay” ? On vous donne notre avis dans cet article.
Technologie “Tap to Pay” : de quoi parle-t-on au juste ?
Mais dites donc (oui, on commence direct avec des interjections de type “dites donc”, on est en pleine forme), on ne serait pas en présence d’un nouvel anglicisme à ajouter à la liste – de plus en plus longue – des anglicismes utilisés dans la sphère tech/business ?
Allez, on vous donne la traduction parce qu’on est quand même sympa et qu’on sait qu’il y en a au fond de la salle qui galèrent un peu avec leur niveau A1 : en Anglais “Tap to Pay” signifie “taper pour payer”.
Rien à voir avec un coup de savate (on préfère mettre fin tout de suite à vos fantasmes de violence gratuite envers les commerçants), puisque c’est plutôt notre téléphone portable que l’on nous propose ici de “taper”.
Une action que l’on fait au quotidien avec le paiement sans contact, déjà bien ancré dans nos habitudes – fin 2022 en France, 59 % des paiements étaient sans contact selon l’Observatoire CB du GIE Cartes Bancaires –, sauf que le Tap to Pay va plus loin.
En effet, la technologie Tap to Pay ne consiste pas seulement en un paiement sans contact, mais revient à transformer nos téléphones en terminaux de paiement. Avec la technologie Tap to Pay, finie la “machine à carte bleue”, qu’il s’agisse d’un TPE fixe ou mobile !
Comment fonctionne la technologie Tap to Pay ?
“Bon d’accord, le Tap to Pay permet de changer un smartphone en terminal de paiement… Mais comment exactement ?”, nous rétorquerez-vous avec votre curiosité et votre soif de savoir légendaires.
Bien que la curiosité soit un vilain défaut, on va quand même prendre la peine de vous répondre. Parce que finalement, on aime bien votre petit côté “premier de la classe”, c’est très rafraîchissant.
Le Tap to Pay s’appuie sur la technologie NFC (pour “near field communication”, “communication en champ proche” en Français), une technologie de communication de courte portée qui rend possible l’échange de données entre deux dispositifs compatibles…
Dès lors qu’ils sont à proximité immédiate l’un de l’autre !
C’est d’ailleurs grâce à cette technologie NFC que l’on peut utiliser son téléphone en guise de carte bancaire, et ce grâce à Apple Pay, Google Pay ou Samsung Pay – à moins de vivre dans une grotte, vous avez sûrement déjà vu des gens payer avec leur smartphone.
Ou encore, que l’on peut se procurer un titre de transport rapidement en posant sa carte bleue (ou son téléphone pour toujours plus de NFC) directement sur le portique dans certains réseaux de transports en commun.
Dans la ville de Lyon par exemple, plus besoin de se rendre à une borne pour acheter un ticket de métro quand on est pressé : il suffit de passer sa carte bancaire ou son portefeuille numérique (on parle aussi de “wallet”) sur le valideur pour obtenir un titre de transport.
C’est un nouveau service appelé “TCL carte bancaire”, qui permet de se retrouver assis dans le métro en moins de temps qu’il n’en faut pour dire “ouf”.
La particularité du Tap to Pay – et la raison pour laquelle il s’appelle ainsi –, c’est qu’il rend complètement caduque (ohlala, quelle diversité dans le vocabulaire… On mérite un Molière !) la nécessité d’être équipé d’un matériel particulier pour procéder à un encaissement.
Pour encaisser, il suffit d’utiliser son smartphone en mode “lecteur”, en téléchargeant une application “softPOS” (POS étant l’acronyme de “point of sale”, soit “point de vente” en Français).
Terminaux de paiement : un peu de contexte
Ce qu’il faut bien avoir en tête, c’est que la technologie NFC existe depuis un moment, et que les grandes sociétés fournissant des systèmes de paiement s’y sont intéressées assez tôt.
Dès 2020, le géant des services financiers Visa lançait son programme Tap to Phone, suivi de près par son concurrent Mastercard qui lançait son softPOS quelques mois plus tard pour expérimenter la généralisation du paiement Tap on Phone en Inde.
Mais ces dernières années, ce sont plutôt les nouveaux terminaux de paiement mobiles POS qui avaient le vent en poupe, avec des acteurs émergents comme Square avec son Square Reader, la solution SumUp ou encore Zettle, racheté en 2018 par Paypal.
Ces terminaux de paiement nouvelle génération, mobiles et sans banque permettent désormais à n’importe quel commerçant d’encaisser des paiements en carte bleue depuis n’importe quel endroit.
Un avantage considérable, à l’heure où plus de 58 % des paiements sont effectués par carte bancaire selon les chiffres de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement du premier semestre 2022 publié sur le site de la Banque de France.
Autre argument très convaincant : la possibilité de souscrire à ces “TPE sans banque” sans être lié à une banque (c’est écrit dessus, comme le Port-Salut) et sans engagement, ce qui donne la possibilité d’arrêter ou de changer de fournisseur à tout moment.
Côté équipement, il faut compter entre 20 et 30 € pour s’équiper du boîtier – un tarif bien moins élevé que pour un TPE “avec banque”, dont l’achat peut coûter jusqu’à 700 € par mois – et chaque paiement est ensuite soumis à une commission d’environ 1,75 %.
Pour vous donner une idée, la commission bancaire sur les frais de carte oscille entre 0,5 et 1 %, le taux appliqué étant variable en fonction du nombre de transactions effectuées (plus il y a de volume, moins il est élevé) et du type d’activité.
À cette commission bancaire, il faut aussi ajouter la commission d’interchange – entre 0,20 et 0,30 % selon qu’il s’agit d’une carte de débit ou de crédit – et les frais de réseau (dont sont également redevables les TPE sans banque) sur chaque transaction.
Des conditions qui, il faut le dire, peuvent pénaliser les indépendants ou les toutes petites entreprises qui ne font pas beaucoup de transactions, et ont par conséquent intérêt à bénéficier d’un tarif fixe par transaction.
Quant aux frais fixes, on lit parfois qu’ils sont moins élevés pour les terminaux POS… Ce qui est souvent vrai, mais pas dans 100 % des cas (en réalité, tout dépend du fournisseur et de l’offre choisie, certaines incluant des fonctionnalités en sus comme le logiciel de caisse).
Pour info, on range dans ces frais fixes la location du TPE – entre 15 et 50 € par mois – et le coût de sa maintenance quand la location ne l’inclut pas.
Zoom : pourquoi choisir le Tap to Pay ?
L’avantage de la technologie Tap to Pay (vous l’aurez compris on l’espère, sinon ça veut dire qu’il faut qu’on retourne à l’école de la pédagogie), c’est qu’elle permet d’encaisser des paiements sans contact pour un tarif plus faible encore.
Forcément, qui dit absence de terminal de paiement, dit zéro frais, ni pour la location ou l’achat d’un terminal de paiement classique, ni pour l’achat d’un terminal de paiement POS.
Pour proposer le Tap to Pay à ses clients, il faut souscrire à un abonnement à une plateforme de services financiers qui le permet – c’est le cas d’Adyen ou de Stripe – puis payer des frais de traitement et les frais associés au moyen de paiement du client.
À la question “pourquoi choisir le Tap to Pay ?”, on répondrait donc “pour réduire ses frais quand on est une petite structure ou un indépendant”, sans toutefois être totalement convaincu de la plus-value de cette technologie sur les terminaux de paiement POS.
Quel avenir pour les TPE face au Tap to Pay ?
Pour une fois, on va vous donner une réponse qui ne repose pas sur de la data, même si l’idée de le faire nous rend quand même un peu malade.
Autant, on comprend facilement l’intérêt que peut avoir la technologie Tap to Pay pour un commerçant indépendant qui travaille seul et utilise son téléphone perso comme terminal de paiement…
Autant vu le prix d’un smartphone performant (le Nokia 3310 étant évidemment exclu de cette catégorie malgré l’avantage concurrentiel évident apporté par le jeu Snake), on peine à y voir un intérêt pour les plus grosses structures.
Chez Tool Advisor, on est d’avis que le Tap to Pay a de beaux jours devant lui… Mais qu’il n’est pas prêt de remplacer les TPE (avec ou sans abonnement) tout de suite, encore moins les TPE sans banque qui offrent à leurs utilisateurs de nombreux avantages (notamment en termes de mobilité).
Certes, cette technologie évite d’avoir à se doter d’un équipement supplémentaire. Mais ce faisant, elle mise aussi sur un équipement plutôt cher à la durée de vie généralement assez courte – coucou toi qui as fait tomber ton smartphone dans les toilettes, on te voit !
Quant à l’adoption de cette technologie, il y a des risques pour qu’elle soit aussi poussive que celle des wallets (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay).
En effet selon le Global Consumer Survey mené en 2021 et relayé par Statista, seul un Français sur 10 déclare utiliser un moyen de paiement mobile. Visiblement, la carte bleue et son bon vieux terminal de paiement ont encore de beaux jours devant eux !
Sources :
- Observatoire CB (GIE Cartes Bancaires)
- Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (Banque de France)
- Global Consumer Survey (Statista)
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